La marque a été fondée en 1985 à l’initiative de la famille Bardelle, avec un objectif très clair en tête : briser les hiérarchies existantes et élever le jean au rang d’objet de luxe.

C’est Nicola Bardelle, une quinzaine d’années plus tard, qui fera éclore ce concept révolutionnaire. En 2002, il redynamise la marque et va jusqu’à bouleverser l’ADN même du denim, jusqu’alors toile pop par excellence, en faisant table rase pour monter en gamme et porter cette matière au segment le plus noble du marché.

Il y parvient grâce à son ingéniosité et à un mode de pensée divergent et subversif. Il utilise uniquement des tissus nobles et délicats tels que le kurabo japonais, élabore des créations vestimentaires et de haute couture uniques en leur genre, veille à ce que chaque vêtement ait un design qui sait mettre en valeur la personne qui le porte, et personnalise chaque pantalon avec des boutons ornés de bijoux, des broderies faites à la main et des finitions en cuir de poulain. Sa sensibilité pour les finitions exclusives, son obsession pour l’excellence et son désir de créer quelque chose d’unique sont autant d’ingrédients qui ont transformé une simple paire de jeans en un vêtement à forte personnalité. Comme celle de Nicola.

Son rêve s’achèvera avec lui dans les rues de Saint-Tropez, un matin d’août 2012.
Un accident emporte Nicola Bardelle et brise l’avenir de sa femme Jennifer, restée seule avec deux jeunes enfants. Cette tragédie soudaine sur la Côte d’Azur, où le premier magasin mono-marque venait d’ouvrir, marque une césure profonde et incontestable pour l’entreprise, désormais privée du phare de son leader visionnaire.

Les machines continuent de tourner et de pousser les rouages, mais, alors que la production et la distribution sont confiées à un licencié, Jacob Cohën n’a plus son deus ex machina. Pour Jennifer Tommasi, l’heure est au désarroi mais aussi à la prise de décision : abandonner ou aller de l’avant, se rendre ou tenter de poursuivre ce qu’elle avait partagé et commencé à construire avec Nicola. Malgré les doutes, c’est la seconde voie qui l’emporte. Elle cherche à aller de l’avant en dépit des multiples obstacles, notamment celui de convaincre les employés, les fournisseurs et les opérateurs du marché que la marque peut perdurer après la mort de son brillant fondateur, et que cette continuité peut être assurée par une jeune femme.

Animée par la volonté de terminer une œuvre restée inachevée, Jennifer s’entoure des bonnes personnes et franchit les étapes les unes après les autres. Malgré les difficultés, elle ajuste peu à peu son objectif en vue d’atteindre tôt ou tard le but tant espéré par Nicola : faire de Jacob Cohën une entité indépendante, capable d’opérer sans l’intermédiaire d’acteurs tiers.

En 2020, en pleine pandémie, la création d’une joint venture avec une grande entreprise manufacturière permet à Jacob Cohën, dès 2020-2021, d’obtenir davantage de participation et de contrôle sur les processus et les stratégies de production et de distribution. Un tournant partagé avec Luca Roda qui, après avoir été le bras droit de Jennifer Tommasi pendant quatre ans, est promu directeur général.

Les résultats ne se font pas attendre : à la fin de l’année 2023, ensemble, ils permettent à l’entreprise de sortir définitivement du modèle de licence sur lequel elle reposait depuis près de 20 ans. Jacob Cohën Company annonce en effet l’acquisition de 100 % de JC Industry (newco issue du précédent partenariat) et dissout toute collaboration externe, ouvrant la voie à une refondation industrielle de la marque.

Avec la conclusion de l’opération commence officiellement la nouvelle ère d’intégration verticale de l’entreprise, avec l’internalisation définitive de la conception, de la fabrication et du marketing : la marque assure le contrôle total des collections et de leur positionnement sur le marché, unique démiurge de la pensée Jacob Cohën et de son récit.

Aujourd’hui, l’entreprise incarne la vision de Jennifer Tommasi qui, pièce par pièce, avec audace et ténacité, concrétise ce que Nicola Bardelle a imaginé il y a plus de 20 ans : donner une âme de haute couture au jean, et en faire le symbole d’un luxe décontracté, tout confort, décalé, et capable de mettre en valeur l’individualité de celui ou celle qui le porte. Un vêtement de haute qualité, entièrement fabriqué en Italie. Et durable, parce qu’il est destiné à rester, comme toute œuvre de créateur digne de ce nom. Avec ce nouveau positionnement, la marque poursuit sa route vers la mode lifestyle et place, parallèlement, la barre toujours plus haut en termes de qualité et de créativité en proposant ses créations aux plus belles boutiques du monde.

Les magasins multimarques haut de gamme restent le débouché commercial prioritaire de la marque, avec un fort développement aux États-Unis et au Canada ; toutefois, Jacob Cohën parle de plus en plus le langage de la vente au détail, notamment à travers ses nouvelles boutiques mono-marques prêtes à s’ajouter aux boutiques directes déjà actives dans des villes comme Milan, Paris, Rome, Courchevel et Saint-Tropez, et aux points de vente en franchise présents dans des pays comme le Japon, l’Espagne, la Suisse et la Norvège.

Le rêve, celui de Jennifer cette fois, continue.